Après avoir choisi son psy, on peut se poser une autre question. Consultation en face à face ou en visio ?
Les longues périodes de confinement liées à la crise Covid ont modifié nos modes de communication (télétravail, école et formation en distantiel, boom des réseaux sociaux …) et la thérapie n’a pas échappé au phénomène. Certains patients n’ont pas repris le chemin des cabinets et préfèrent désormais consulter en « visio ». Pourtant, si l’on se réfère à la fameuse phrase d’Aristote « L’homme est un animal social », rien ne peut remplacer le pouvoir d’une présence humaine surtout quand elle vise à la recherche de soi, de son équilibre de son bien-être.
Pourquoi certains patients font-ils le choix de consulter par écran interposé ?
Parfois parce qu’ils n’ont pas le choix justement : ils vivent dans des déserts médicaux où, trouver un praticien relève déjà du parcours du combattant ! Ou bien ils sont expatriés dans un pays dont ils maîtrisent mal la langue et les codes culturels. Ou bien parce que leur situation professionnelle ou familiale ne leur permet pas de dégager assez de temps pour ajouter une consultation à un agenda déjà chargé. Ou encore, parce qu’ils ont connu une expérience désagréable avec un thérapeute, trop ou pas assez écoutant, trop ou pas distant, ou tout simplement, sans aucune envie, car pas de « feeling ».
Un face à face sans filtres numériques
Dans un monde de plus en plus virtuel, où les interactions se font via messagerie instantanée, il est parfois plus facile pour certaines personnes de se livrer, derrière un écran. Mais même si la consultation se passe bien, l’écran crée une distance entre le consultant et le professionnel qui est là pour l’aider. Le langage corporel, par exemple, donne des clés de compréhension au thérapeute : un regard, un geste, un moment de lâcher prise peuvent le guider dans son approche. La voix, les nuances, les silences – tous ces éléments contribuent à tisser un récit thérapeutique riche, où chaque mot prononcé peut être une étape vers l’objectif du mieux-être. Les souffrances qui se cachent derrière les écrans peuvent parfois être négligées ou minimisées.
Dans ma pratique
On l’aura compris : même si je peux m’adapter et répondre favorablement à des consultants (pour la thérapie brèves) ou des patients (pour la psychanalyse) qui souhaitent consulter en distantiel, cette solution doit rester selon moi une alternative. Dans mon cabinet, je privilégie l’échange, la présence, le face à face et la parole. Je recherche la connexion, l’instant de vérité. L’empathie est nécessaire à ma pratique, elle est un catalyseur puissant dans le processus d’aboutissement de la thérapie quelle qu’elle soit.
La rencontre en proximité doit me permettre de mieux saisir les nuances, d’aider le patient à mettre le doigt sur des douleurs invisibles car intériorisées depuis parfois très longtemps, à se confronter à ses peurs. Le cabinet est alors un sanctuaire où la parole se libère, où la personne qui vient consulter se sent protéger, où chaque mot est un pas sur le chemin de la liberté et de la rencontre avec soi, pour aller mieux.
En conclusion
La technologie offre des avantages considérables, mais elle ne peut pas toujours remplacer la connexion profonde et l’impact thérapeutique d’une rencontre en personne. Dans un monde numérique, où les relations peuvent parfois sembler éphémères, le contact physique et la parole partagée créent un lien concret qui nourrit le bien être émotionnel
Cela étant, pour conclure, j’ajouterais que si l’on n’a pas le choix, il vaut toujours mieux initier ou poursuivre une thérapie à distance, que de ne pas consulter du tout !